mardi 7 janvier 2014

L'histoire de Maurice. 1, la rencontre

Je rentrais des Cévennes, un peu tristounet car c'est de plus en plus difficile pour moi de repartir de là-bas. Après l'âge d'or de mon enfance, ma famille a passé des moments très difficiles et les relations se sont distendues dans tous les sens. Puis depuis quelques années, les choses se repositionnent et un nouvel équilibre agréable s'est mis en place. La roue tourne finalement.
Dans une fête, j'avais croisé un couple de garçons. Je dis de garçons car c'est comme ça qu'on les appelaient : les garçons. Joli jeune couple, avec un petit écart d'âge, dans la discrétion totale mais une sensibilité et une tendresse évidentes. Ça m'a fait envie de la tendresse d'un homme.
J'avais envie de revoir la mer.

La côte languedocienne. Dans le rituel de la route des vacances , l'arrêt à la plage était incontournable. Les paysages de l'enfance marquent à jamais, j'ai toujours aimé cette côte. Mieux que l'océan que j'ai découvert très tardivement. L'océan c'est une brute alors que la mer te caresse.
Dimanche soir, j'avais tapé sur le net quelques mots choisis. Le premier site donnait des plages isolées, dont celle-ci. Sur la carte c'était facile d'accès. Alors, la mer, et qui sait, la tendresse d'un homme... va pour cette plage.

Quand je suis arrivé, je t'ai repéré tout de suite. Beau gosse, le visage carré, une minceur très agréable. Je me suis posé pas très loin. Tes hésitations étaient très visibles. Je me demandais si au moins tu te mettrais nu pour te baigner. Moi j'ai hésité aussi, je suis allé une première fois me tremper les jambes en maillot. Et puis j'ai osé. Pour tout t'avouer, j'ai toujours peur de bander dans cette situation. Mais ça va, j'ai maitrisé...

Je te regardais puis l'autre. Il m'a semblé que nos regards ont fini par se croiser malgré tes lunettes. L'autre - nu celui-ci- était plus fuyant. Un autre genre. Vous fumiez tous les deux. Mais c'est vers l'autre que je suis allé. La cigarette c'était un prétexte mais aussi une envie. Comme je t'ai dit, il ne parlait pas ou presque. Après la cigarette, je me suis abandonné au soleil. Il ne s'est rien passé. Je suis retourné me baigner. Entre temps, un troisième s'était installé, à deux pas de mes affaires. Il était nu, taillé au burin. Pas mon genre.

Je me suis baigné, mais tu étais déjà sorti de l'eau. Allez zou. je suis sorti, me suis séché tranquillement, peut-être un peu trop longuement... Tu as bougé, commencé à te préparer. Intéressant, on allait peut-être se croiser. Je me suis assis plus haut sur les galets pour me désabler les pieds. J'ai pu te voir nu, enfin. Vraiment beau gosse. Je suis reparti vers la végétation, j'ai pris mon temps pour observer le milieu car tu n’apparaissais pas. J'ai cru que tu arrivais, mais non, tu laçais encore tes chaussures. J'ai fait une autre petite boucle, avant de me rapprocher, de t'entendre, étonné, me lancer un bonjour, comme pour éviter que je ne parte trop vite.

J'étais surpris, nous avons partagé la suite.

Sur les lieux de drague, le plus terrible c'est le silence. La recherche de la jouissance à l'état brut(e).
Moi ce qui me plait, c'est la tendresse, le partage, l'échange, les yeux dans les yeux, la sincérité sans promesse particulière. C'est un temps à vivre ou à revivre dans le respect de chacun, de ses envies, de ses rythmes, de sa vie.
...
Ma version de l'histoire, c'est que je t'ai remarqué de suite quand tu es arrivé. J'avais déjà vu l'autre personne pas loin, mais pas eu du tout envie de l'aborder. Toi, au début, je ne pensais pas que tu venais pour rencontrer quelqu’un. T'as vraiment plus un look d’hétéro. Puis tu t'es mis nu, et tu as commencé à me regarder avec plus d'insistance. Moi j'osais pas trop, je faisais semblant de m'intéresser au pêcheur derrière toi. Puis je t'ai vu aller vers l'autre, puis te baigner et commencer à partir. Et là je me suis dit que si je devais avoir une histoire avec un gars, ça serait avec toi, car je te trouvais trop charmant. Tes cheveux grisonnants, ton corps fin et musclé, ton regard franc, tout ça m'excitait beaucoup. Du coup, j'ai essayé de te capter avant que tu partes, et franchement je ne regrette rien, vu le moment qu'on a passé. J'ai vraiment apprécié ta manière de me mettre à l'aise, entreprenant mais tellement doux.

J'étais très serein et heureux en rentrant chez moi.

2 commentaires:

  1. J'aime ce que tu es,et que tu exprimes de si belle manière dans ce texte qui ressemble à un poème.
    J'aime...
    Pierre

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    1. Tu auras compris j’espère que la deuxième partie, en italiques, est vraiment de la plume même de Maurice...

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