jeudi 20 février 2014

Repos

J'ai raconté mes débuts autoroutiers. Les aires de repos ne sont pas des lieux toujours très délicats. On peut vite basculer dans le statut du morceau de viande. De quoi s'échapper bien vite. Je n'imaginais pas cette vie particulière, insoupçonnée par la plupart des automobilistes. Ce gars là, qui fume tranquillement une clope avant de reprendre la route...
Eh bien en fait, il te piste discrètement et va tout d'un coup débarquer devant l'urinoir d'à côté pour te révéler ses attributs. Ou encore, le ballet des voitures qui prennent la boucle qui s'éloigne du bloc-sanitaire. Elles finissent pas de s'arrêter. les mecs sortent, se croisent, se jaugent et, éventuellement s'éloignent dans la pénombre, ou restent là s'il fait déjà nuit. Certains t'abordent très directement, la main au paquet, littéralement. Certains ne sortent pas de la voiture, scotchés au fauteuil, incapables d'assumer jusqu'au bout leurs envies. Un drôle de monde, et pourtant, quelques possibilités de belles rencontres. Comme sur une plage... J'ai deux lieux comme cela où je je me suis arrêté souvent, au retour de mes réunions citadines, ces deux dernières années.

Exemples.
Une voiture arrêtée. Le mec à l'air bien. Je me gare un peu plus loin. Je passe un coup de fil.
Il rapproche sa voiture et sort marcher un peu sous le bois.
Je sors et je m'appuie sur ma voiture coté bois.
Il est devant la clôture face à moi dos tourné à 20 m.
Il se retourne. 35 ans maxi, joli, crâne rasé. Il vient direct vers moi, s'arrête à 50 cm, vraiment craquant.
Direct, il me dit : tu es là pour faire quelque chose ?
- oui (je souris à son sourire)
Il est légèrement gêné :
- je connais pas cette aire, c'est spécial non ?
En effet, de jour ce n'est pas très intime, le bois est clair et ouvre sur un chemin et une vigne.
- oui c'est mieux vers le soir, mais il y a un passage vers le grillage
- je ne me sens pas à l'aise là. Moi j'ai déjà envie, je sens une raideur s'installer...
- tu vas vers ...?
- non vers la ville, et toi ?
- vers ..., tu n'es pas du bon côté alors
- non je suis venu voir, mais je préfère y aller, je ne suis pas à l'aise
- comme tu veux...
Échanges de sourires, il part, dommage.
Je me dis que j'aurais du lui proposer de parler un peu, histoire de le détendre.
Je pars aussi.

Un peu plus tard. La deuxième aire.
La boucle passe devant le bloc et s'enfonce dans le bois.. On peut tourner indéfiniment. Certains ne s'en privent pas.
Je me gare à l'extrémité de la boucle. Nouvel appel téléphonique.
Un gars se gare un peu avant. Il marche sur la route et me dépasse. J'ai fini de téléphoner. Une autre voiture vient stationner à côté de la mienne. Je préfère le premier conducteur. Je m'approche de lui, ma cigarette s'est éteinte il me donne du feu je lui en offre une. Mais il va fumer plus loin et finalement redémarre. Il fait deux tours et me repasse devant deux fois, je fume tranquillement assis sur le parapet.
Il se gare sur le troisième côté de la boucle, entre temps une autre voiture s'est arrêtée et il se place un peu plus loin.
Pendant ce temps plusieurs voitures tournent, se garent, repartent...
Je vais m'incruster entre les deux que j'ai repérées. L'homme à la cigarette est déjà sorti, installé à la portière de l'autre gars. Je regarde dans le rétro : ils ont commencé quelque chose, le mec dedans, lui par la portière ouverte.
J'y vais. Je m'incruste facilement.
Le mec assis est mignon, plus que l'autre.
On partage un moment à trois.
Le ballet des voitures s'est arrêté.
Maintenant on est tous les 3 debout contre la voiture, frocs baissés. Je m'occupe surtout du mignon.
Le ballet reprend.
On se réajuste...
Je propose de se retrouver sur le premier côté de la boucle, là ou le bois est plus profond.
Je repars et vais me garer la bas.
Un moment après le mignon se gare à côté. L'autre ne suivra pas.
On s'enfonce dans le bois, il y a un coin discret au loin.
L'étreinte est sensuelle. Dommage il mouille un peu, je l'aurais bien sucé. Lui ne s'en prive pas. C'est bon.
Un autre gars est venu mater. Je lui demande gentiment de nous laisser.
On continue tranquillement en échangeant aussi quelques mots.
La jouissance nous a pris quasi en même temps côte à côte.
On revient aux voitures en discutant...
Un bi, sans doute marié, encore un...

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