mercredi 26 mars 2014

Un amour de Pio

Avec Pio, c'est l'une de mes très belles histoires. Ça a commencé sur le chat de Têtu, juste avant sa fermeture. Nous étions de vallées cévenoles voisines, encore un... Il n'y a jamais de coïncidence, seulement des choses qui doivent arriver même si elles ne sont écrites nulle part.
Au début, il a pensé à une mystification de ma part. Cela paraissait tellement gros de connaître les mêmes endroits, de s'être baigné dans les mêmes rivières. Le chat allait fermer, on n'avait pas encore échangé nos adresses électroniques. J'ai eu peur, je le sentais si bien... La suite s'est poursuivie par mel jusqu'au jour de notre première rencontre à Paris. J'étais arrivé à Orly en fin de matinée, on devait se rejoindre dans le petit hôtel où j'avais réservé à Belleville. Il était déjà là et je dois dire que mon cœur a fondu quand je l'ai vu dans le salon. Je l'ai trouvé beau et si frêle, avec une impression de fragilité qui m'a aussitôt donné envie de le serrer dans mes bras.

La chambre n'était pas prête, ça n'avait pas d'importance car il avait prévu de m'emmener au Sun city. Nous sommes partis et pendant le trajet j'ai dû résister à la tentation de le toucher. Je nous revois traversant la rue de Turbigo sous le soleil. La conversation s'était engagée très naturellement. Sans lui je ne serais jamais entré dans un sauna gay, enfin pas encore. Nous avons eu une chance exceptionnelle ; nos casiers étaient situés en vis à vis dans un angle, un endroit idéal pour un premier baiser et un déshabillage mutuel et sensible. Ensuite je l'ai suivi dans le dédale, il connaissait les lieux, il avançait sûr de lui, moi j'avais les yeux rivés sur sa chute de rein. Je ne pouvais rêver mieux comme découverte du sauna. Je suis revenu souvent avec lui puis seul ensuite quand nos relations sont devenues moins sexuelles. Mais à chaque fois je le revoyais me guidant dans les couloirs et je revenais m'asseoir dans le coin du hammam où nous avions commencé nos ébats.

À cette époque Pio était bi marié avec 3 jeunes enfants. Notre relation a d'emblée été fusionnelle, tant de choses nous rapprochaient, et je crois bien qu'il s'est longtemps protégé de cette attirance. Je me souviens de la première fois où je l'ai pris dans une cabine du Gym Louvre, un lieu assez glauque le matin hors le hammam, en sortant il m'avait asséné que cette attirance pour les hommes n'était qu'une passade et qu'il était foncièrement hétéro. Je l'avais laissé dire avec un certain pincement car je sentais que nous allions nous éloigner. Pendant des mois nous nous sommes simplement revus en amis autour d'une table de bar ou de restaurant. Je cachais tant bien que mal les érections que déclenchaient sa seule présence. Son amitié me suffisait largement nous avions tant à partager de nos vies.
Il y avait autre chose que je compris soudain quand je failli sombrer dans le noir à l'automne 2012. Nous étions faits semblables comme si un même un même boulanger nous avait pétris, avec des différences mais faits de la même pâte. Quand j'ai su pour moi c'est lui que je suis allé voir en sortant de chez la psy et en effet il en était aussi. La sérénité qu'il commençait à approcher m'a beaucoup aider à trouver mes propres voies et à prendre la vie autrement. Nous nous sommes aussi retrouvés physiquement, nos corps avaient mûris et nos gestes étaient plus sereins. Il gardait cependant cette distance qui fait que le partage du plaisir ne va pas jusqu'à la fusion complète, je ne sais pas comment dire autrement cela, en tout cas il me manquait de mon côté la toute petite chose qui va me faire vibrer intensément comme par exemple avec Will la semaine dernière.
Cette distance était physique mais aussi verbale, utilisant parfois un vocabulaire que j'aurais préféré plus tendre sans aller jusqu'au romantisme et qui n'était pas de nature à m'exciter davantage.
Il y a 6 mois j'avais essayé de le voir, il m'avait appris qu'il s'était séparé, il était en pleine réorganisation de sa vie et je compris qu'il avait aussi rencontré quelqu'un, il n'en avait rien dit, juste évoqué des choses à me dire de vive voix mais nous n'avions pas pu trouver de créneau dans nos agendas charrettes.
J'ai laissé passer le temps, je connais trop mon Pio pour ne pas chercher à le brusquer et je pensais qu'il me ferait signe un jour où l'autre.
Son message est arrivé il y a trois semaines, je n'ai pas répondu tout de suite dans cette période si tourmentée. Dimanche je l'ai prévenu de mon passage à Paris cette semaine, il a répondu très vite me proposant de venir dormir les deux jours dans son nouvel appartement de célibataire.
Mes nuits étaient déjà prévues dans un nid familial mais j'ai pu lui consacrer une soirée.
Nos retrouvailles ont été réellement sublimes. Je le trouvais rajeuni et parfaitement serein sur sa vie. Il m'a raconté son aventure amoureuse récente et achevée avec un jeune homme, lui aussi avait connu son Maurice. Désormais il assumait d'être complètement homosexuel et j'ai pu apprécier dans ses bras tout le sens de cette acceptation, jamais je n'avais ressenti autant de plaisir avec lui, rarement ma jouissance avait atteint cette plénitude. Une puissance de l'instant qui légitime ma longue quête et me donne des réponses définitives sur ma capacité d'expression des émotions sexuelles et du plaisir.
On s'est quittés émus après avoir partagé notre sentiment d'une relation vraiment très particulière parmi nos différentes rencontres.

La prochaine fois je dormirais avec Pio, la concrétisation d'un de mes fantasmes attendue depuis toutes ces années...






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