mardi 14 avril 2015

Boulevard de mes émois

Je ne sais pas vraiment pourquoi mais j'ai toujours aimé le boulevard de Magenta.
Le nom, peut-être si évocateur. Tu penses certainement à la bataille napoléoniennette d'où provient ce nom ? Ou alors cela t'évoque cette putain de cartouche d'imprimante qui vient de se vider alors que tu dois faire un tirage vital avec un très bel aplat de rose. Ou peut-être encore un coin de nature, des rochers moussus et des fracas d'eau fraîche. Sans doute un peu de tout ça avec une part de victoire sur moi-même.
Je n'étais pas revenu dans cet hôtel depuis ma dernière avec Hans. Non que je voulusse éviter d'y revenir mais les tarifs ne s'y prêtait pas. A cette époque il y avait souvent des promotions intéressantes et le nombre d'hôtel qui avaient la wifi n'était pas très élevé. Non je ne te parle pas des années 80 mais bien s'il y a 5 ou 6 ans.
Pio aussi était venu me rejoindre l'espace d'une soirée. Je me souviens de la chambre joliment aménagée sous les toits. De la large douche carrée où nous avions pris ensemble les eaux après l'amour.
Je sors de l'hôtel et je ne peux m'empêcher de m'arrêter à la première terrasse de café. Tant pis j'aurai un peu de retard.
J'ai envie de cet expresso croissant, au soleil d'un jeune matin dans le fracas de la circulation. J'ai toujours navigué entre l'urbain et le rural. Le ronflement des moteurs, le tintement des sonnettes des vélos, les éclats de voix me parlent comme le chant des oiseaux et le sifflement des grillons. 
Je m'installe, l'expresso est assorti d'une petite brioche séduction. La serveuse est charmante.
Une cliente m'observe de l'intérieur à travers la vitre.
Je le vois arriver comme une apparition. Il est grand, très mince, le cheveu ras, la peau des joues plissée là où la tectonique du visage fait remonter le sourire. Je reconnais Matthieu que j'ai quitté il y a une heure. Je lui souris et il me le rend. Quand il se rapproche je ne reconnais pas sa démarche dans ce grand balancement quelque peu dégingandé, ni dans cette grande veste en laine claire qui lui tombe aux mollets juste au dessus de chaussures de sport guère assorties. On se sourit toujours.
Il passe à côté de moi sans s'arrêter, son regard poursuit sa course.
J'allais en être troublé quand je réalise mon illusion.
Ce n'était pas Matthieu...
Je flotte un peu trop.

1 commentaire:

  1. J'adore ce genre de sensation!!! t'imagine, t'aurais pu faire une seconde rencontre!!en tous les cas, pour que tu soies encore sur ton nuage, ca doit être du Plaisir avec un grand P, ce Matthieu! Allez, raconte!

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