lundi 20 juillet 2015

Glanes #15 épouvanté

J'écoutais la fin de l'émission de Zoé Varier, d'ici et d'ailleurs, sur Inter bien sûr, j'avais aimé l'entretien avec Rui Wang, de Wenzhou à Belleville. Tous les soirs de l’été à partir de 20h, Zoé nous fait entendre des récits d’ici et d’ailleurs, des histoires de femmes et d’hommes, peut-être celles de nos parents, grands-parents, amis, étrangers, immigrés, exilés venus vivre en France. C'est superbe, tendre, émouvant, vrai et salutaire en ces temps de repli.

C'était à la fin de l'émission, ces trois garçons sortaient par le portillon de la clôture arrière d'une maison, ils marchaient sur le bord du mur contre le grillage avec précaution, tous les trois en culottes courtes et maillots noirs. Je ne sais pas ce qu'ils regardaient. L'espace d'un éclair en les croisant, un pan d'enfance m'est passé devant les yeux, je ne saurais dire quoi, une image insaisissable. Un souffle. Comme ces pensées que l'on sent s'échapper sans arriver à les reformuler.

J'ai commencé à tenir un tableau des pseudos que j'utilise sur ce blog pour parler de mes rencontres. Je pourrais oublier des choses. Ou tout. Quand j’aurais perdu la mémoire cela ne me servira sans doute à rien. Et si plus tard complètement déconnecté, je commençais à raconter ce qui furent des secrets ? Ou me mélanger les pinceaux entre estèf et moi, ou devenir unique, enfin rassemblé. On verra bien. Je lis ça aussi sur un profil : certaines personnes sont comme des pièces de monnaie, elles ont deux faces mais surtout n'ont aucune valeur. Oui bof, certaines pièces ont aussi de la valeur et pas seulement faciale.

Énorme. Je n'avais jamais vu une bite pareille. J'en soupçonnais l'existence pourtant. Le mec était assis sur une table banc d'une aire de repos. Il pianotait sur son smartphone et très souvent regardait autour, sans se fixer sur qui que ce soit. Parfois, il se levait, marchait un peu à droite et gauche, faisait un tour du bâtiment des sanitaires. Puis revenait s'asseoir. Je le trouvais séduisant avec sa bonne trentaine brune et un peu dégarnie. Je le regardais de loin. Je me suis éloigné dans le bois en vain. Il ne m'a pas adressé un regard. J'ai fini par aller à l'urinoir, un modèle à l'ancienne que la société autoroutière tend à faire disparaître. Un collectif à deux places. Le modèle idéal pour une rencontre. Il m'a rejoint et il a déballé son engin obusien. Il n'y a pas d'autre mot. Je me suis espanté ! Avec ma main fine, j'en faisais à peine la moité du tour, soit dix centimètres de rayon, à vista de nas. Mais je n'ai pas eu le temps de mettre le nez dessus. Il est parti aussitôt. J'ai cru comprendre : à côté de lui, ce que je tenais encore dans mon autre main était parfaitement ridicule.

Le mot est passé comme une lettre à la poste. Comme quoi, les temps changent. Cette dame intervenait un matin dans la séquence des auditeurs, à la radio susdite. Pour manifester sa grande surprise sur je ne sais plus quelle information, mais cela n'a guère d'importance, elle dit  : nous étions espanté, avec un bel accent toulousain. Pas de remarque de l'animateur et de l'invité qui enchainent naturellement. L'Académie, note la majuscule, n'a pas réagit dans les 48 heures. Tu te souviens peut-être de l'espantalh de ton papé pour affoler les oiseaux autour du cerisier ? Transitif, le verbe occitan espantar (espanter, 1er groupe) s'utilise souvent à la forme passive, mais le summum de l'espant, ou de l'espanta, c'est la forme passive pronominale...  
Aquel bufal d'autan quan dobrissi la pòrta me refesca lo front e m'emplèga de gauç !*


 * Ce vent d'autan, quand j'ouvre la porte, me rafraichit le front et m'emplit de joie. 
J'ai oublié de nom de l'auteur de ce poème dont je cite de mémoire la première  strophe. Si quelqu'un peut m'aider...



1 commentaire:

  1. J'ai peut-etre rencontré ton homme à la grosse bite de l'aire d'autoroute....ca viendra bientôt sur mon blog. Il est juste un peu plus agé, bien qu'il fasse beaucoup plus jeune que son âge. Rencontré aussi sur une aire....je m'y mets finalement! Bises

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