mardi 13 octobre 2015

Malaise dans un intérieur immaculé

Hier quand je suis revenu sur ces intérieurs que j'ai découvert à la faveur d'un garçon, j'en ai omis deux, et non des moindres. Il y eut d'abord cette première fois, que je ne saurais oublier. On n'oublie jamais les première fois. La rencontre s'est faite d'abord en mode virtuel sur le tchat de tetu, tu vois comme ça date. Nous avions convenu d'un rendez-vous dans un bar du marais, je ne sais où maintenant. Je revois simplement la configuration des lieux.
Un bar à l'angle d'une rue, au fond un escalier qui rejoint un étage avec une deuxième salle et des petites tables sur le bord du passage, comme en mezzanine. Il était arrivé le premier je crois. Un gars athlétique, plus grand que moi, large d'épaule, le visage aux traits relativement durs, éclairé de temps à autre par un sourire. Il se déplaçait beaucoup pour le travail, à l'international. Je crois me souvenir qu'il était normand. Nous avons parlé un long moment, de nous, puis la conversation a glissé sur l'Histoire sans que je me rappelle de quelle période ou de quels faits nous parlâmes.
Sur le tard, il me proposa d'aller chez lui. C'était un peu l'objectif de la soirée, après cette marche d'approche. Nous dûmes traverser le quartier pour sortir du cœur historique et s'approcher de quelque boulevard planté d'immeubles contemporains. Nous ne nous sommes pas touchés dans l'ascenseur. Il se dégageait de lui une certaine froideur que j'avais du mal à apprivoiser. Quand il éclaira le couloir de son appartement, je fus étonné de sa blancheur uniforme. Il était aménagé avec soin mais je ne me souviens d'aucun objet, d'aucun tableau qui ne tranche par sa couleur. Nous passâmes rapidement dans la cuisine pour prendre des boissons. Le blanc régnait ici tant sur les murs que sur les meubles et l'électroménager. Nous atterrîmes dans le canapé immaculé du salon. Les rideaux étaient blancs comme les murs et la bibliothèque d'où ressortait à peine des dos colorés. Y avait-il vraiment une bibliothèque d'ailleurs ?
Assis côte à côte, j'étais tétanisé tant par l'effet de la première fois que de cette ambiance médicale. Car même si l'aménagement était soigné dans les moindre détails, je ne pouvais m'empécher d'avoir des pensées hospitalières. J'ai trouvé le temps long, attendant son initiative j'ai fini par lui caresser un bras, ce qui sembla éveiller son ardeur. Sans doute, nous nous embrassâmes avant qu'il ne m'emmène dans sa chambre. Là il se déshabilla soigneusement, déposant sa chemise blanche et son pantalon sur une chaise. Je n'osais pas laisser tomber au sol mes habits et je pliais à mon tour mes effets.
Le reste fut très convenu. Il était passif et ne se laissait pas approcher de l'arrière. Je dus être entreprenant pour deux sans aller trop loin toutefois. A peine avions-nous joui qu'il alla chercher une serviette de toilette tout aussi blanche que le reste. Il s'essuya puis me la tendit.
Encore quelques courts instants, puis il me signifia qu'il fallait que je parte. Moi qui aime laisser l'abandon régner après l'amour, je quittais les lieux très vite sur la pointe des pieds. Je ne suis pas certain qu'il me raccompagna à la porte.
Dans la nuit parisienne, je filais dans des rues étroites pour retrouver l'hôtel où j'avais réservé, tout en perplexité de cette rencontre aseptisée.


 

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