mercredi 30 décembre 2015

Symboles

Un moment, je n'ai plus su quoi penser. Tant de palabres pour une mesure très symbolique. Encore une fois, ma famille se déchirait au moment des fêtes. Noël et le réveillon en seraient gâchés. Pourrait-on une bonne fois pour toutes se concentrer sur les priorités ? Éviter de se déchirer pour rien ou si peu ?

J'avais grandi avec cette musique en tête. Ces paroles qui avaient nourri mes espoirs d'un autre monde. Je me souviens des grandes envolées d'alors pour les repas de fêtes. Il y avait le père fort en gueule de tradition communiste, la mère discrète de sensibilité socialiste, le frère ainé grand donneur de leçons dont on ne savait pas trop en fait vers où il penchait - on sut plus tard quand il vota pour l’excité - l'autre frère déjà militant en secret. Je n'avais pas droit à la parole mais je me nourrissais de ces verbes hauts, et le reste du temps, de ces textes que j’apprenais par cœur à force de les écouter.

Nous ne chantions pas la Marseillaise, ni ne pavoisions tricolore. On ne plaisantait pas avec les symboles souillés. Et puis nous n'avions pas appris la musique pour accompagner l'arsenal.
Je n'ose pas toujours dire aujourd'hui ce que je ressens de ce monde. Vois-tu que ce nous pensions alors est désormais puni, quand il était seulement censuré.

Au monument aux morts, j'ai fini par chanter l'hymne sali. Au 13 novembre, j'ai voilé ma photo de profil fb des trois couleurs. Pour ne pas laisser les ci-devant symboles à l’extrême.
Et maintenant, je ne serais plus à un symbole près ? Il ne faudrait pas y aller de nos grandes valeurs ? Mais jusqu'où ira-t-on ?

Comme Laurent Binet, j'espère que Marianne, "le contraire de l'état d'urgence", sera à l'honneur en 2016 ; j'ai apprécié ces simples phrases :
"Le drapeau français, c’est du signe. Il obéit à l’arbitraire du signe, c’est-à-dire qu’à la base, avant le code couleurs qui associe Paris et la royauté, le bleu-blanc-rouge ne veut rien dire en soi, si bien que n’importe qui peut lui faire dire à peu près n’importe quoi : la France de La Fayette ou celle de Robespierre, Jaurès ou Barrès, De Gaulle ou Pétain, Zidane, Le Pen, Hollande, etc.
Marianne, c’est différent : c’est un symbole, c’est-à-dire un signifiant qui représente quelque chose. Avant d’être l’incarnation de la République française, Marianne est une femme coiffée d’un bonnet phrygien. Personne ne peut ignorer la signification de ce bonnet : l’identité nationale de la France, si une telle chose existe, c’est la Révolution."

Que ceux qui ont encore au poing la rose se souviennent de ce qu'ils nous promettaient alors...
Quand ils n'auront plus de valeurs, ils ne seront plus rien.

J'imagine
La révolte prêchée par quelque douce femme
Deux mille ans de prison dévorés par les flammes
 

J'imagine
L'amour faisant l'amour la vie faisant le reste
Une révolution sans un mot sans un geste

Et la grande liberté

Au poing la rose
Et la grande liberté
La rose au poing
Et la grande liberté
La rose au poing

J'imagine
Un peuple dynamite et pourtant sans défense
Tout en lui ne serait qu'amour et transparence
J'imagine
Un hiver tout de neige et fleurissant quand même
Pour des femmes-chansons pour des hommes-poèmes

Et la grande liberté
Au poing la rose
Et la grande liberté
La rose au poing
Et la grande liberté
La rose au poing

J'imagine
L'Occident sans ghettos le Brésil sans torture
Et l'Afrique riant comme source d'eau pure
J'imagine
Le soleil se levant sur l'Asie douce et libre
La vie enfin la vie comme il faudra la vivre
 

Et la grande liberté
Au poing la rose
Et la grande liberté
La rose au poing
Et la grande liberté

La rose au poing

J'imagine, paroles d'Henri Gougaud, musique de Jean Ferrat (1971) 








Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire