mardi 5 janvier 2016

Une famille adoptive

Un nom rare prononcé sur une radio inhabituelle et je revoyais soudain ces deux grands-mères qui m'accueillaient souvent quand je venais chez un collègue. Deux sœurs qui passaient les après-midi à papoter. L'un d'elle devait avoir la vue déclinante. Elle me prenait toujours pour son petit-fils. L'autre riait de lui dire à chaque fois, mais non c'est Étienne ! Comme il lui ressemble ! rétorquait l'autre invariablement, toujours troublée par sa confusion.
Je n'ai jamais croisé Simon, jamais vu de photo. Je ne saurais dire moi-même ce qu'il en était.
J'avais vingt ans. Dans cette maison, vivait un couple d'une quarantaine d'année qui m'avait ouvert sa porte d'une manière étonnante. Je me sentais chez moi. Lui se comportait comme un ami. Elle était très maternelle. Je crois qu'elle aurait aimé avoir un fils. Je l'aurais adoré comme mère. Simon était son neveu.
Quelques années plus tard, je m'étais envolé ailleurs. J'ai su que Simon s'était tué dans une haute montagne lointaine. Je n'ai pas osé revenir. L'idée de revoir sa grand-mère et de risquer la confusion...
Je suis passé il y a peu. Il n'y avait plus grand risque, malheureusement, le couple était désormais seul.
Elle m'a reconnu à la voix, avant de soulever le rideau de porte.Nous étions émus autant l'un que l'autre. On s'est assis à la table. Les fils se sont renoués tout de suite. Ils me parlaient tous les deux en même temps, de choses différentes. Mon visage allait de l'un à l'autre. Je répondais ici et là. Il m'a dit, tu ne m'écoutes pas. J'ai ri en lui disant, j'essaie de vous écouter tous les deux. Ils étaient adorables. Elle était toujours aussi belle. Toutes ces années sans les voir !




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