lundi 28 mars 2016

J'aurais pu comprendre alors que j'aimais les hommes

Son visage m'est revenu par association d'idée. Son nom de famille avait été suggéré par quelqu'un qui n'avait a priori rien à voir avec lui. Je m'étais cependant posé la question. Et si c'était lui le père absent de ce très beau jeune homme ? Je ne pensais pas car aucun trait ne me le rappelait. Pourtant à chaque fois où je croisais ce garçon, je pensais à lui. Je ne l'ai jamais revu depuis le lycée. Je sais qu'il a vécu avec la deuxième fille avec qui j'étais sorti. Je ne sais pas s'ils sont encore ensemble. Si c'est le père du beau jeune homme, alors il vient de mourir. Si c'est le compagnon de cet ex, il vit sans doute encore. À quoi bon livrer mes élucubrations mémorielles, ces bouts de vie qui se croisent ?
Simplement parce qu'il m'est apparu par la pensée, tel qu'il était au collège, un bel adolescent aux cheveux courts et à la peau très mate. Il pouvait avoir un sourire charmeur même s'il était souvent assez gauche. Je me souviens notamment de cette visite médicale en 5e, le médecin lui avait baissé le slip pour vérifier l'absence de phimosis. Sans doute avait-il une antériorité car tout ne monde n'avait pas eu droit à ce geste. Pourquoi d'ailleurs le médecin ne lui avait pas demandé de le baisser plutôt que le de faire lui-même ? Il avait été si surpris qu'il s'était retourné curieusement vers nous. Alors que nous aurions pu nous contenter d'une vue sur un sublime fessier, il nous avait aussi donné à voir son pubis très sombre d'où s'échappait une verge bien développée. Nous avions ricané, bien sûr, mais je l'avais envié dans ses proportions si régulières.
Il était assez nerveux et pouvait réagir très vivement. Je ne sais comment je l'avais agacé dans le vestiaire de gym, en 3e je crois, nous nous étions faits faces. Je revois son torse large aux très minces pectoraux imberbes avec deux belles aréoles. Son visage menaçant s'était approché du mien, j'avais pu respirer une haleine lourde un bref instant avant qu'il ne me repousse de ses deux mains sur mes épaules. Un autre garçon l'avait calmé. Je n'ai aucun souvenir du motif de la dispute, seulement de son visage, de son torse et de son souffle qui ne n'avait pas rebuté. J'ai souvent pensé à lui plus tard sans toutefois comprendre que ça signifiait peut-être que j'aimais les garçons.
Il y a des signes qu'on ne veut pas ou qu'on ne sait pas voir. Si j'étais adolescent aujourd'hui sans doute comprendrais-je sans hésiter.


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