samedi 30 avril 2016

Je n'étais pas prêt à donner de ma personne (2)

Salim avait effleuré l'idée d'aller chez lui, en ajoutant que ça faisait un peu loin. En effet, j'avais déjà fait 20 km, 45 de plus, puis le retour. Nous n'avons pas insisté. A tort je pense. La nuit aurait été belle, je serais rentré au petit matin.
Alors que là, j'en étais à faire des pointes, sans être chaussé pour, les bras enroulés autour de sa taille pour tenir bon, à ne pas pouvoir me saisir de sa tige. Lui arrivait à passer une main entre ses cuisses pour serrer très fort mes valseuses. Je n'ai pas cherché à être endurant et je l'ai laissé un peu sur sa faim. Un peu seulement, mais ce n'était pas très grave, la nuit ne faisait que commencer. Il comptait rester là. L'aire suivante ne lui plaisait pas, trop fréquentée avec un manque d'intimité qui ne permettait guère d'échapper aux voyeurs.
Nous étions redescendu au parking inférieur. J'avais un peu de mal à le quitter. J'aurais bien attendu un peu pour recommencer plus tard. Mais j'ai pensé à Patric qui était peut-être arrivé à la suivante. Je suis parti. On s'est quitté en évoquant la prochaine fois.
Patric n'est pas apparu de la soirée.
J'ai attendu. Je suis sorti parfois quand une voiture se garait pas loin.
Il y eut d'abord cette voiture blanche. J'avais cru entendre claquer la portière mais je ne voyais personne. Soudain, un bruit de pas juste derrière moi me fit sursauter. Ah le con ! C'était un mec âgé. Je l'avais déjà vu. Il était arrivé comme ça une autre fois. J'avais senti ses mains se poser sur moi. J'avais fermé les yeux et laissé faire. Dans la fraicheur de la nuit, il avait soulevé mon tee-shirt et déboutonné mon pantalon. J'avais aimé cette caresse d'un inconnu sans toutefois me laisser aller jusqu'au bout. Il avait parlé. Je l'avais deviné. J'avais délicatement desserré son étreinte et lui avais doucement dit que je ne voulais pas plus. Je l'avais laissé là avec ses envies d'homme isolé peut-être délaissé même.
Les voitures tournaient. J'ai participé un peu au ballet. La Peugeot verte est arrivé. Salim n'avait pas résisté ! Il a tourné un moment. Il est sorti pour approcher un gars sans conclure. J'étais passé près d'eux à pied sans m'approcher. Il a tourné encore. Je le suivais quand il s'est garé juste devant moi. J'ai pris ça comme une possible invitation. J'aurais pu m'arrêter. Je ne sais pas ce qui m'a retenu. La crainte de me tromper. Ça n'aurait dû avoir aucune importance mais déjà je ne voulais pas essuyer un refus de sa part. Il m'avait plu, alors je préférais rester sur cette première impression. Il a fini par partir.
Il restait encore cette voiture de sport noire dont il ne sortait personne et dont la vitre ne s'ouvrait pas. Un signe. Soit il n'y avait personne à son goût, soit le mec était complètement flippé. Il y en a parfois qui n'arrivent pas à sortir, se terrent dans l'habitacle et repartent pour revenir d'autres soirs encore jusqu'à celui où ils oseront.
Soudain la portière a claqué. Il en est sorti un grand gaillard d'âge mûr. Bien droit, avec une sacrée prestance qui arrivait à gommer son ventre. Il a tourné, hésité, puis est venu à ma rencontre. Sa voix roulait les cailloux de Garonne. Un instant je l'ai vu sous l'habit d'un mousquetaire du roi. Échange de bonsoirs.
- C'est difficile, je n'arrive pas à me décider !
- ... [je ne savais que dire]
- Vous êtes là pour rencontrer quelqu'un, j'imagine ?
- Oui.
- J'aimerais mais...
- ...
- J'aimerais sucer, voilà c'est dit, j'aimerais sucer une belle queue !
J'ai pensé que je n'en avais pas envie et que mon calibre ne correspondait peut-être pas à son attente. Il eût été dommage de le décevoir  !
- Vous n'auriez pas envie ?
- Non, pas vraiment.
Il a rejoint sa sportive. J'ai respiré. Un instant j'ai craint que mon empathie chronique ne me joue un de ses tours favoris. Mais j'arrive à la gérer un peu mieux depuis quelque temps.
Salim était parti, Patric ne viendrait pas. La nuit avançait et je n'avais plus rien à faire ici.









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