Il avait un léger décalage dans sa voix, cette sorte de zébrure qui caractérise le coup dans le nez. Comme il ne sentait pas l'alcool, j'ai soupçonné l'usage d'une drogue illicite, sans doute avait-il fumé un pétard. Il avait une fêlure aussi dans sa vie de couple, sinon pourquoi aurait-il échoué ici à deux pas de chez lui pendant que son homme était en voyage de quelques petits jours. Il s'est passé une chose assez rare, comme il évoquait son métier je lui ai parlé du mien. Nous avions des vues complémentaires sur le monde. Est-ce que le sexe est un prétexte ou une conséquence ? Toujours est-il que nous n'en sommes pas venus aux mains tout de suite. Ce gars était chou et j'ai satisfait plus tard à ses attentes avec grand consentement sans chercher à en décrypter un éventuel sens caché quand il m'a demandé de jouir sur son visage. Nous avions commencé par un emboîtement de nos corps où il s'abandonnait à mon activité pénétrante avant de me retrouver debout sur le canapé dans une position on ne peut plus exhibitionniste. On dira sans doute que j'ai définitivement perdu tout sens des convenances à raconter des choses pareilles mais ceux qui me lisent choisissent je crois de m'accompagner dans ces tréfonds de l'âme.
Il est parti avant moi et nous avons échangé alors un baiser très tendre, oui comme un de ces baisers d'amoureux dont on se souvient longtemps. La tonalité avec laquelle il prononça une dernière fois mon prénom d'adoption n'a pas fini de vibrer.
Je suis revenu avant-hier en ces lieux où j'ai déjà fait par deux fois des belles rencontres. Mais aucune similitude n'est à signaler même si j'y ai pris un plaisir certain avec un homme avec lequel il était a priori hautement improbable que j'ai eu une relation physique vu son profil de nounours. Mais voilà, il suffit aussi parfois d'une étincelle dans un regard pour tendre un fil et dévider la pelote.
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