dimanche 27 août 2017

Les 10 infirmités auxquelles je n'ai pas pu échapper

J'ai déjà évoqué cette infirmité à l'occasion d'un billet sur les désordres capillaires. Elle n'était pas la seule. Faisons le compte...
1) Celle précédemment évoquée  que je ne révèlerai pas mais qui finalement n'est pas si dénuée de charme pour peu que tu aies le visage un peu fin...
2) La myopie, le pire n'étant pas tant de mal voir que de porter des lunettes, un calvaire. Le plus humiliant étant alors de devoir les ôter dans certaines circonstances. Enlève tes lunettes ! (ton autoritaire). Douleur cuisante sur la joue. Je n'ai jamais remis les pieds au centre de loisirs. J'ai quand même un très bon souvenir grâce à elles : le jour où je les ai enlevées pour mettre des lentilles, le jeune homme que j'ai alors vu dans la glace m'a épaté. C'était moi ? Mais malheureusement je m'y suis habitué, le schéma que m'avait été inculqué mon meilleur ami a repris le dessus, très vite je me suis retrouvé très moche. Souvent j'ai interrogé le miroir, mais je n'arrivais pas à revoir ce beau gosse dont l'apparence m'avait sidéré.
3) L'allergie à quelques insectes non censés être allergènes, je gonfle localement, j'ai des nausées, apparemment une curiosité médicale qui a fait se marrer l'allergologue que j'ai rencontrée. Elle ne m'a jamais revu, je fais avec. Certains toubibs manquent sérieusement d'empathie.
4) Une pirouette sur la verge. La veine qui dessert mon auguste membre fait une boucle épaisse qui fait penser à une varice. Je me suis souvent demandé si ça risquait de péter. Je n'en ai jamais parlé à un médecin, trop peur du ridicule sur un coup comme ça. Mais je te rassure, pour le moment ça tient, même sous pression.
5) Elle encore, mais ça aurait pu être pire. Je revois cette visite médicale vers la fin de l'école primaire, cette torture des petits garçons, baisser sa culotte et accepter que le médecin touche ce que tu sais, là où tu sais. Puis plus tard, le couloir de la maison où bien des choses se réglaient dès la porte refermée, ma mère qui tend la feuille pliée en trois avec le troisième pli en triangle dont les bords collés grâce à une trace de salive. Le feuille est déjà décachetée : mon père s'en saisit, lit et lâche "oh, ce n'est pas ça qui l’empêchera de nous faire des petits-enfants", les premiers et derniers mots d'éducation sexuelle parentale que je n'entendrai jamais. Je compris ce jour là qu'il se passait quelque chose de ce côté-ci, le mystère dura encore, je ne risquais pas à m'aventurer vers une question. J'avais déjà fort à faire avec cette mention écrite à l'encre bleue épaisse que je pourrais reproduire à l'identique : "prépuce ne s'ouvrant toujours pas". Ce fut ma mère qui assuma avec sa main vive et ses doigts dont je craignais les ongles longs. Deux fois elle vint me décalotter lors de la douche bi-hebdomadaire. J'étais terrifié. Dieu savait (j'y croyais encore) combien j'aimais ma mère, mais je ne supportais pas qu'elle me touche dans les gestes quotidiens. J'osais cependant lui dire que j'allais le faire moi-même. Elle se contenta alors de vérifier de temps à autre l'avancée des travaux. Il me fallu quelques mois de persévérance, mais j'évitais la circoncision dont je découvrais à l'âge adulte qu'elle avait touché mon frère. Personne n'avait cru utile d'anticiper malgré plusieurs alertes du médecin scolaire.
6) Elle toujours, cet os de Dionysos qui me joua bien des tours dans les vestiaires du collège et du lycée mais que je finis par apprécier à sa juste valeur comme tu as pu t'en apercevoir à maintes reprises.
7) Un cheveu blanc découvert à 14 ans, à une époque où les jeunes hommes ne viraient poivre et sel ou chauve à la trentaine qu’exceptionnellement, m'a donner à penser que je ne vivrais pas vieux. Ce sentiment s'est renforcé alors que j'entrais dans l'âge adulte et que Cerise s'éteignait à tout juste cinquante ans. Je sais que c'est assez ridicule mais me suis préparé à une vie brève.
8) Un autre cheveu que j'ai failli oublier, celui que j'eus longtemps sur la langue. Le terme de zézaiement m'est plus tard devenu doux à la lecture de Fortune de France, tant Samson de Siorac était beau et aimable. A cet époque je ne zozotais plus, mais comme on s'était moqué de moi ! Je ne saurais dire comment cela me passa, à l'orée de l'adolescence, et selon le principe que ce que l'on n'a pas compris ne s'efface jamais, le cheveu revient toujours à l'occasion d'un moment de fatigue ou d'émotion. Je retrouve alors les mêmes regards amusés qu'autrefois.
9) J'ai souvent médité cette maxime de Raymond Devos : " Mon pied droit est jaloux de mon pied gauche. Quand l'un avance, l'autre veut le dépasser. Et moi, comme un imbécile, je marche ! ". Marcher, c'est à peu près la seule performance physique que longtemps j'ai été capable de faire sans réfléchir. Tout autre me demandait un effort intellectuel pour assurer la coordination nécessaire. Tu imagines sans peine ce que j'ai pu subir comme raillerie en éducation physique et sportive. Je n'ai d'ailleurs jamais compris le sens du mot éducation dans cette expression.
10) HP. Haut potentiel intellectuel. Enfant précoce. Zébre ou surdoué disent certains. Non diagnostiqué ou plutôt tard, très tard même, il y a seulement 3 ans. Toutes ces années avec ce truc bizarre, ce sentiment d'être différent mais ne pas comprendre pourquoi. Se sentir souvent très bête face aux autres, et pourtant, ou le contraire, et illégitime. Évidemment, tu ne croiras pas, comme l'essentiel de ce qui précède, que c'est une infirmité. Si tu en doutes, je te propose de lire le billet de Tennessee sur le sujet.

Il a fallu vivre avec tout ça. Je ne vais pas me  plaindre, je n'ai pas de maladie grave, je n'ai quasiment pas eu d'acné, mon carnet des petits bonheurs est plutôt bien rempli, mais j'ose dire que ça n'a pas été simple tous les jours. Mes secrets pour en sortir : un peu de chirurgie (1, 2), des huiles essentielles et au pire des anti-histaminiques (3), prendre sur soi (4, 6, 10), vivre avec (4, 6, 7, 9), persévérer (5, 8, 9), une bonne psychologue et surtout éviter le psychiatre (10).

4 commentaires:

  1. Tu tiens un carnet de petits bonheurs? ;)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Non, je trouve ça très bien, ça m'arrive d'en noter parfois, j'aime me souvenir aussi des instants positifs. Mais ce n'est pas très commun, d'où ma surprise.

      Supprimer
    2. Tiens, je vais faire un billet sur ça...

      Supprimer