mardi 20 mars 2018

Tu resteras enchaïné

Tu imagines, je pense, que je n’ai pas résisté à la tentation. Comment faire quand le hasard s’allie à la nécessité ? C’est le sens même de la vie. J’ai commencé la première soirée par un rendez-vous avec un garçon qui ne couche jamais la première fois et dans tous les cas qu’avec des hommes dont il est amoureux. Il y avait là un ravissant défi. Il s’agissait d’un quadragénaire sur la fin de décennie qui m’avait envoyé deux portraits, l’un de cadre lunetté, costumo-cravaté et sagement peigné, l’autre ébouriffé au regard flou du myope qui a égaré ses binocles ? J’étais intéressé par le deuxième mais ce fut bien le premier que j’aperçus scrutant son téléphone devant ma porte cochère.
Il était adorable mais terriblement vieux garçon quand il buvait son jus de tomate alors que je savourais une pression, dans un bar de la rue Montorgueil.
Célibataire, il était encore au placard pour ménager sa mère provinciale. Je trouvai cela tout autant dommage que sidérant. Je ne porte bien sûr aucun jugement - je suis très mal placé pour en émettre - mais je pressentais qu’il serait effectivement difficile d’envisager quelque folie douce et de le détourner sur le champ de son canal historique.
Nous devisâmes gentiment jusqu’à ce que la faim me tenaille.
Il rentra dans sa proche banlieue tandis que je réfléchissais à la meilleure manière de me sustenter.
Finalement je traçai au plus court et je m'arrêtai dans une épicerie pour acheter une banane.

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