samedi 12 mai 2018

Quand les parents s'en vont

Ça m’est tombé dessus soudainement. Je remplissais tranquillement ma brouette. J’ai repensé à ce like intempestif. J’avais mis un statut mi-deuxième degré mi-nostalgique sur mon profil fb, une référence aux marottes du géniteur disparu il y a deux ans. Et puis mon demi-frère a liké « grr... » alors que j’aurai plutôt vu un « triste ». Oui c’est ça la communication aujourd’hui, on échange par petite touche.
Autrefois avec la distance on se voyait peu, on s’écrivait parfois, on se téléphonait à l’occasion, du moins quand on avait le téléphone. Je te parle d’il y a longtemps. De la génération d’avant. Quand dans un quartier une ou deux personnes avaient le téléphone. On allait chez les voisins pour appeler le docteur ou prendre un appel porteur d'une triste nouvelle. Maintenant on peut se suivre au quotidien. Et ça a les inconvénients de l’avantage. Ou le contraire. Son like m’a troublé et encore plus l’autre où il annonçait sa non-participation à un événement dont je savais que c’était pour le principe et qu’il resterait chez lui à maugréer.
« Ah le frère que je n’ai jamais eu... » a retenti dans mes oreilles. Je sais bien pourquoi j’ai aimé cette chanson. En fait nous avons bien les mêmes parents mais nous ne sommes pas du même lit. Tu ne comprends pas la formule ? C’est simple, entre nous, beaucoup de temps s’était écoulé, ils avaient déménagés et sans doute changé de lit. Ou fait refaire le matelas. Ou acheté les bois. Je n'en sais rien. En tout cas il n’était pas posé au même endroit. Ça change tout en fait. Et en réalité quand j’entends nos souvenirs croisés je ne crois pas que nous avons eu les mêmes parents.
Beau dommage a suivi Maxime le Forestier.
La quintessence de la nostalgie.
Avec les copains, on adorait cette chanson. Dans les soirées, on la dansait en slow, avec des écarts soudain au refrain, comme si on partait en demi-valse. Ou quelque chose comme ça. je n'ai jamais su danser de toute manière.
La complainte du phoque...
La nostalgie de ce qui pourrait arriver, de ce qu'on perdrait dans le futur. Ce n'était pas très conscient. Certains couples étaient formés. Mais des blondes partiraient, on le savait. A la vérité, elles sont toutes parties d'ailleurs.
En grattant dans le tas et en séparant les cailloux, j'étais tombé sur un éclat de brique. Il portait gravée la lettre M. M comme...
Tout se mélangeait un peu.
J'ai posé le smartphone et lancé la complainte. Je voulais retrouver les paroles. Chasser ces mots inventés qui s'imposaient, "quand les parents s'en vont", et retrouver l'original, "quand les enfants sont grands". Entendre à nouveau le tonnerre, ou le feu d'artifice du refrain, c'est selon ta perception.
Cinq minutes de morceau. J'aime toujours autant.
J'ai pensé à la blague que l'un d'entre-nous ne manquait jamais de faire "tu sais pas ! Beau dommage s'est marié...". il y avait toujours quelqu'un pour poser la question idiote "ah oui ! Avec qui ?". A la longue, c'était devenu surjoué.
Les notes se sont estompées. Youtube a enchaîné avec Nino Ferrer, le Sud.  C'est bien la seule chanson que j'ai aimé de lui. Quand le morceau s'acheva sur "Un jour ou l'autre il faudra qu'il y ait la guerre", j'ai compris que l'enchainement n'était pas dû au hasard. J'ai laissé finir la chanson et j'ai coupé le téléphone. Je suis revenu à mes pensées.





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